30.7.08

Comme dans les films..



Certains jours sont officiellement comme dans les films.. à tel point qu'on se demande si on ne les a pas rêvés.. mais ce qui est sûr, c'est qu'on les gardera en mémoire pour très très longtemps.

Ce fut le cas de ma cérémonie de remise des diplômes, ou graduation à l'anglaise.
Pour ma génération abreuvée de films et séries américaines, c'est une étape clé de la vie d'un étudiant. Enfin d'un étudiant anglo-saxon, quoi. Mais qui paraît très loin. Même la veille. Un peu comme le bac quand on arrive en seconde.

Cette journée a été parfaite, et j'ai eu un sentiment très étrange, comme si je la vivais comme un spectateur extérieur, sans vraiment réaliser ce qui m'arrivait, et avec un sourire qui s'est posé sur mes lèvres dès le réveil et qui ne m'a pas quitté.

Tout était surréel, mais reprenons du début..

Tout a commencé avec un petit déjeuner typiquement anglais à base de bacon et oeufs brouillés à l'auberge de Liverpool, puis nous avons affronté la pluie, le vent et le froid du nord de l'Angleterre pour atteindre la gare.. bon j'avoue, en taxi, mais nos corps presque habitués à l'été, le vrai, dans nos contrées, étaient en hypothermie avancée!

Une fois la petite équipe arrivée à Prestonia (équipe composée du fameux duo Gazelle & Bunny + Mums), nous entrons dans le lieu céleste, The Guildhall, salle de spectacle (ayant hébergée moults concerts comme Kate Nash), où la foule se pressait sous d'immenses banderoles 'UCLAN Awards Ceremonies'..

Voilà le duo de choc enchaînant inscription, récupération des fameuses robes et chapeaux plats loués pour l'occasion, tentatives désespérées de faire tenir l'ensemble tout en gardant son sérieux, puis séances photos un peu crispées dans des studios aménagés, après des heures de queue, et le tout entourées d'Anglaises à l'épaisse couche de fond de teint & co, et de toute leur famille.. par moment, je me demandais si j'étais à un mariage!

Puis nous voilà invitées à entrer dans l'immense amphithéâtre pour la cérémonie à proprement parler..
Après avoir installé nos 'invités', Gazelle et moi devons nous séparer pour chercher fébrilement nos places, numérotées.. et là j'aperçois mon nom sur un siège bordeaux matelassé, ornant une pochette tout en dorures, contenant les noms de tous les diplômés ainsi qu'un dossier très officiel sur les divers titres importants des Messieurs et Mesdames qui vont bientôt apparaitre sur scène.

L'orgue commence, le murmure de la salle se transforme en silence, puis une procession de personnages très importants avec des toques et des robes de différentes couleurs s'avancent devant mes yeux ébahis. J'ai l'impression de reconnaitre Albus Dumbledore. Après tout, nous sommes en Albion, tout est possible..

Alors qu'ils s'installent sur la scène, je me retourne. Face à moi, des rangées d'étudiants aux yeux anxieux et aux cheveux lissés et des demi-cercles de familles émues : certains en tenues traditionnelles indiennes ou pakistanaises, ou chinoises, espagnoles, qui ont fait le voyage depuis très loin pour admirer la réussite de leurs enfants, d'autres très chics en costume, des frères et soeurs apprêtés pour la grande occasion, qui pensent que cela est - encore ou déjà - très loin.

Les discours se succèdent, certains très académiques et solennels, d'autres plus émouvants, plus réalistes.
On m'annonce qu' "aujourd'hui est le premier jour du reste de ma vie", que "je suis le futur de la nation, de l'économie mondiale", et que j'ai intérêt à réussir parce que, hein, il faudra bien que quelqu'un paye les retraites..!

Je ne sais pas si je peux assumer tout ça, de mon petit mètre 64, mais bon, on va essayer.. et puis, hein, on va faire un master d'abord, la créativité et la détermination sont là, c'est une question d'opportunités, et je vais en avoir tout plein, me dit-on.

Puis la chorale arrive, la salle entame l'hymne anglais, et alors que mes voisins chantent en coeur, le seul God Save The Queen qui me vient à l'esprit est celui des Sex Pistols.

J'ai l'impression d'être dans une église, ou dans Harry Potter, ou dans un film ou.. je ne sais pas mais vraiment pas dans la réalité. J'ai perdu toute notion du temps, je suis dans un autre monde.

Puis les étudiants sont appelés un par un sur scène pour se voir remettre leur diplôme (c'est un faux en fait, le vrai arrivera par la poste dans quelques mois!), et serrer la main du vice-chancelier, ou une autre fonction honorifique. C'est tout de même assez gratifiant cette tradition. On est reconnu. Pas en France, ou un diplôme d'université ne vaut rien et surtout pas une cérémonie.

Quand j'entends mon nom prononcé, je suis étonnament très sereine, je me vois remettre mon diplôme, entre sur scène, serre la main du Monsieur, souris au public, et puis la voix annonce que j'obtiens mon Bachelor in English for International Corporate Communication (Communication d'entreprise internationale), et aussi autre chose : Senior Prize for Outstanding Academic Achievement and Contribution (Prix d'excellence pour réussite académique remarquable et contribution)... ouh là là que d'honneurs! Je suppose que ma mention Très Bien en est la cause.. Du coup, un autre Monsieur sûrement très important vient me serrer la main et me remettre le prix.

Je redescends de la scène toute tremblante, cette fois-ci.
Le fameux lancer de chapeaux vient alors. Evidemment, personne ne sait quel chapeau est le sien après, mais ce n'est pas grave, on prends n'importe lequel.. c'est comme la vie, parfois prendre le mauvais chapeau, ce n'est pas plus mal.

La cérémonie est suivie d'un retour à la fac ou une infinité de petits fours et de tea and cakes à volonté nous attendent.

Parfois la perfection, ça tient à peu de choses, et parfois ça arrive même sous la pluie.